Programme Culture-Santé
Du 19 mars au 13 avril, le Centre Hospitalier de Douai a accueilli Olivier Nourisson, art-plasticien, pour une présence artistique inédite, de 4 semaines. Cette nouvelle expérience a été mise en place grâce au programme Culture-Santé soutenu par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et l’Agence Régionale de Santé (ARS). Les enjeux étaient de permettre au personnel de sortir de son environnement de travail et de proposer des échanges atypiques.
Une invitation au voyage
Durant ses deux premières semaines en immersion, Olivier Nourisson a réalisé une inclusion dans plusieurs services : Néonatalogie, Bloc Obstétrical, Maternité, Hémodialyse, Endocrinologie-Diabétologie-Néphrologie, Cardiologie, Pneumologie, Chirurgie vasculaire, Soins de Suite et de Réadaptation, service de Nuit… L’occasion pour lui de rencontrer les différents professionnels, les suivre dans leur quotidien, découvrir leurs gestes et leur organisation. En parallèle, il s’est présenté : « qu’est-ce qu’un artiste, quel est son travail ? ». Pour illustrer son propos, il a diffusé des vidéos et des photos de ses précédentes expérimentations.
Suite aux échanges, un « geste artistique » a vu le jour sous la forme d’une machine à transporter les personnes hors des murs de l’hôpital. Pour ce faire, Olivier Nourisson s’est inspiré de l’environnement hospitalier : les différents chariots circulant dans les couloirs, les appareils d’imagerie médicale, les sols et les murs de l’hôpital, ou encore l’hypnose.
L’artiste a alors proposé au personnel, patients et visiteurs de passage, de se laisser surprendre et de perdre leurs repères spatio-temporels.
« Vous êtes très détendu, les choses autour de vous commencent à disparaître, vous commencez à vous dissoudre… Les murs sont devenus transparents, vous les traversez…». Complétés par des images fluorescentes et le bruit de l’eau, on pouvait entendre ces mots dans le casque de la machine.
Ensuite, l’artiste a donné la possibilité aux participants de « déconstruire pour reconstruire » l’hôpital à l’échelle 1/1000ème en malaxant un morceau d’argile, les yeux bandés, un casque sur les oreilles. Coupés de l’environnement, ils pouvaient ainsi se concentrer sur le toucher et créer ce que leur voyage leur suggérait.
Le carnet de bord des voyageurs
Si l’on en croit les impressions des passagers, Olivier Nourisson a réussi son pari de les transporter hors de l’hôpital. « J’ai eu l’impression de me retrouver dans l’espace. C’est comme si mon corps avait été dissocié et s’était reconstitué à la fin, comme si j’avais été plongé dans un coma », témoigne un voyageur. « C’était vraiment hypnotique. Je suis très sensible à ce genre d’expérience. Quelques minutes supplémentaires et j’étais parti pour dormir », explique un autre passager, les yeux encore remplis d’images. La barque qu’il a ensuite façonnée symbolise d’ailleurs la quiétude ressentie. Olivier Nourisson a ouvert une parenthèse dans le quotidien du personnel et ce fût une très belle expérience pour tous ceux qui ont voulu vivre l’aventure.
Olivier Nourisson, en quelques mots
Art-plasticien depuis plus de vingt ans, Olivier Nourisson explore plusieurs modes d’expression : l’installation, la performance, la vidéo et l’édition. « Mon travail est marqué par une certaine forme d’humour et de dérision qui m’aide à rentrer plus facilement dans l’échange avec « l’autre », avec l’idée en arrière-plan de l’entraîner dans une activité artistique […] L’objectif est d’interroger « le subjectif », le « entre » moi et l’autre. J’expérimente ces questions avec les autres pour donner forme à des installations » déclare l’artiste.
Après avoir mis en pratique ce savoir-faire pendant une dizaine d’années dans des lieux destinés à l’art, Olivier Nourisson travaille depuis 5 ans dans des lieux d’accueil et de soins : IME, ITEP, GEM, centres sociaux… des envrionnements où le langage se manifeste autrement.
À l’issue de cette expérience, Pépite est allé recueillir les impressions d’Olivier Nourisson. Entretien.
Que retenez-vous de cette immersion au Centre Hospitalier de Douai ?
C’est une expérience toute nouvelle et enrichissante pour moi. Je n’avais aucune idée de l’organisation d’un hôpital, que tout soit aussi structuré. Il a fallu que je m’adapte parce que je viens d’un monde où les choses ne sont pas aussi établies. Mais à l’intérieur de cette grande architecture, il y a des hommes très différents, des corps abîmés, des pensées multiples. C’est une chance incroyable de découvrir des mondes que l’on ne connaît pas, d’avoir accès à l’envers de l’hôpital et ses coulisses.
Comment résumeriez-vous votre partage d’expérience ?
J’ai fait de superbes rencontres, avec des personnes très professionnelles, qui malgré le rythme de travail soutenu, ont réussi à accorder quelques minutes de leur temps à la culture et à l’art. Chaque service a accepté de partir à l’aventure et ce fût positif ! Je suis heureux d’avoir vécu cette expérience, car elle est unique.